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Passons à l’offensive contre l’extrême-droite !

jeudi 20 mars 2025

« There are times in history when we have to stand up and be counted and this is one of those times. The situation is serious and urgent, but we are the majority ; we can win. ¡No Pasarán ! »

« Il y a des moments dans l’histoire où il faut se lever et faire entendre sa voix, et nous sommes dans un tel moment. La situation est grave et urgente, mais nous sommes la majorité ; nous pouvons gagner. ¡No Pasarán ! »

(appel international : https://worldagainstracism.org/)

Ce mardi 18 mars, au petit matin, a eu lieu une opération policière d’une rare violence en plein cœur de Paris. Les mineurs isolés qui avaient trouvé refuge dans la Gaîté Lyrique occupée depuis trois mois ont été expulsés à coups de matraque et de gaz lacrymogène. Le tribunal administratif saisi par la mairie de Paris avait ordonné l’évacuation de la Gaîté Lyrique le 13 février, et les jeunes avaient un mois pour partir. Pendant cette période, la mairie de Paris, qui a en charge l’hébergement d’urgence et la protection des réfugiés, avait annoncé travailler avec l’Etat pour chercher des solutions d’hébergement, et promis qu’il n’y aurait pas d’intervention de la police ni d’expulsion tant qu’une solution ne serait pas trouvée. Mais rien n’a été proposé aux jeunes, et quelques jours après la fin du délai, le 17 mars, la préfecture dans les starting blocks s’est alors auto-saisie et a ordonné l’évacuation quasi-immédiate pour "trouble à l’ordre public".

La "solution" proposée par la préfecture, annoncée au moment de l’expulsion et qui consistait à envoyer les jeunes dans des centres d’hébergement provisoire pour adultes en province (Rouen, Orléans), a été refusée par les jeunes : comment accepter de prendre le risque de se retrouver à la rue au bout de quelques semaines loin de Paris, dans des villes où ils ne connaissent personne ? de quitter leur école pour ceux qui avaient réussi (après des mois de lutte !) à obtenir leur scolarisation ? de s’éloigner de la ville où est traité leur recours pour reconnaissance de minorité, seule chance d’obtenir une prise en charge par l’aide sociale à l’enfance ?

L’expulsion a été extrêmement violente, ce qui n’a pas empêché Anne Hidalgo de déclarer à la radio le matin-même que "c’est ce qu’il fallait faire" ! Et la violence contre les jeunes ne s’est pas arrêtée après l’expulsion : s’en est suivie une traque policière dans tout Paris (dont vous avez peut-être été témoin ?) pour les empêcher de créer ce que la préfecture appelle un "point de fixation" dans Paris, autrement dit pour les empêcher d’installer un campement précaire pour se reposer, se consoler, retrouver un peu de forces et de chaleur humaine.

Le comportement des pouvoirs publics — Etat, préfecture et mairie — n’est pas seulement inhumain, il est aussi illégal. La mairie n’a pas rempli ses obligations de protection des populations fragiles, et la préfecture n’a pas respecté le délai réglementaire entre la notification de l’évacuation et sa mise en œuvre. Quant à l’Etat français, il viole plusieurs droits garantis par la Convention Internationale des Droits de l’Enfant qu’il a pourtant signée. Quelles raisons peut-on bien trouver à ces violations des droits fondamentaux, et à la banalisation de la violence policière, si ce n’est une complaisance de plus en plus assumée avec les idées racistes de l’extrême-droite ?

A l’issue de cette journée de répression inouïe, on compte des dizaines de blessés, de nombreuses interpellations, et plus de 20 OQTF (obligations de quitter le territoire français) établies à l’encontre de jeunes alors même que la reconnaissance de leur minorité est encore en cours d’instruction dans le cadre d’un recours (encore une procédure illégale à l’actif de la préfecture !). Mais cette journée a aussi été un moment de solidarité admirable : un rassemblement a réuni des centaines de personnes, depuis la veille à 17h jusqu’au matin de l’expulsion, pour soutenir les jeunes mais aussi former des chaînes humaines pour les protéger de la violence policière.


Si vous souhaitez en savoir plus, nous vous conseillons de regarder ce reportage du GISTI : https://www.youtube.com/watch?v=qfldYo1u_QI
Le GISTI (Groupe d’information et de soutien des immigré·es) est une association qui regroupe militant-es et juristes.

Les jeunes et leurs soutiens seront présents dans la manifestation de samedi 22 mars, à l’occasion de la journée mondiale contre le racisme et le fascisme. Soyons nombreuses et nombreux pour les soutenir et passer à l’offensive contre l’extrême-droite !